
Nom du blog :
ecrivonstoujours
Description du blog :
Textes écrits à domicile suite à l'envoi de propositions d'écriture par l'animateur Philippe D.
Catégorie :
Blog Enfants
Date de création :
21.03.2020
Dernière mise à jour :
24.03.2020
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Par 2sensmonter, le 31.03.2020
tu décris de belles images qui nous font rêvées.
Par Guichard, le 26.03.2020
très beau texte. on s'y croit. félicitations .
Par Guichard, le 26.03.2020
chers écrivants, sentez-vous libre de donner un avis positif à ce texte : ce qui vous a plu et ému. ce texte v
Par ecrivonstoujours, le 25.03.2020
texte très émouvant
Par Anonyme, le 24.03.2020
Soleil ! de retour
à travers les barreaux
Philippe M.
Y a rien à faire, tous les ans je l’attends. J’ai beau savoir qu’il va revenir, je suis toujours aussi impatient de le revoir. Je me doute bien que, lorsque je ne l’attendrai plus, c’est que la fin sera proche !
La semaine dernière j’y ai pensé. En allant balader Tim. Mon papier d’autorisation de sortie dans la poche.
Dernier froid de canard, quelques feuilles valsent sur le trottoir, gris tout autour, silence. On dirait que la vie sent le chou. Tim tire sur sa laisse comme d’habitude, trop con pour comprendre, ou trop vivant. J’essaie de ne pas me fermer. De temps à autre je relève le nez et je vais jusqu’à regarder le ciel, la rue déserte puis je replonge vers le bitume et l’ennui. Après le virage du petit Casino, je croise une fille ; brune, cheveux longs, sourire dans le regard. Je lui lance un bonjour joyeux, un peu forcé ; c’est tout ce que j’avais en réserve. Elle me répond avec un petit accent chantant et une note fraîche de fruit rouge dans la voix. Elle passe et quand je replonge vers mes pensées je vois lavande et j’entends cigales, je sens eucalyptus et je pense caillasses chauffées qui roulent, je pense randonnée, plaisir de la fatigue, vacance de l’esprit... Une vraie bouffée de bon, de chaud ! Je pense que j’aimerais bien la croiser encore et que je lui parlerai d’autre chose que du beau temps ! Et puis je pense à lui. Je réalise qu’il sera bientôt de retour et que toute cette kermesse de bons moments pourra faire à nouveau chanter ses flonflons dans ma vie et partout autour...
Il y a trois jours aussi j’ai songé à son retour. Le plus bêtement du monde. En sortant de la douche, j’ai pensé à lui devant la pile de tee-shirts que je n’avais pas utilisés depuis un bon moment.
J’ai encore sur la peau le souvenir de la chaleur de l’eau. Je suis bien séché, je déambule à poil, prenant bien soin d’éviter le miroir du regard. Question de moral à conserver par-dessus tout. Quand j’arrive dans la chambre, au lieu de reprendre sans réfléchir ma tenue de base, celle qui reste invisible et qui permet la plongée incognito vers le gris de la rue, je me dirige vers mes tee-shirts : une pile de couleurs pastel qui sent le coton propre. Je reconnais la trace de lavande de l’assouplissant et je repars aussitôt vers les Baronnies, le Ventoux, les souvenirs de vacances, la légèreté... Et c’est évidemment lui qui s’impose au bout d’un moment...
Si je réfléchis un peu plus, - on a le temps qu’il faut pour ça - je crois bien que ça fait depuis bien plus longtemps qu’il me vient à l’esprit. Au cœur de l’hiver, quand le froid serre la tête et que c’est tout un travail de sortir pour tout ou rien, quand rien du tout ne fait penser à lui, c’est là qu’il peut surgir. Dans un parfum à peine passé, dans le souvenir d’un bout d’herbe tondue, dans une odeur de cuisine un peu plus aérienne que d’habitude, moins potée, moins cassoulet, moins raclette. On y pense, ça réchauffe cinq minutes ou plutôt ça empêche de geler l’espérance. On se dit qu’il reviendra puisqu’on se le dit tous les ans...
Aujourd’hui, c’est sûr il va revenir, c’est une question de date, c’est quasiment contractuel. J’ai toujours un pull, mon bleu pâle trop vieux mais tellement confortable, j’ai l’esprit en panne et puis, tiens, le voilà qui se pointe derrière les rideaux de la chambre. Le soleil de printemps, celui qui sent la terre mouillée, les farandoles, les desserts de chocolat gratté sur le pain, les courses à vélo dans le jardin, le visage de Damiana dans la cour de récréation quand elle cligne des yeux puis rougit en voyant qu’on la regarde, le soleil de printemps qui chante comme un merle.
Soleil de retour, de retour de loin, de retour après la prison volontaire, de retour de la guerre du monde contre cet infiniment petit qui nous défie.
Soleil de retour à travers des barreaux invisibles, enfin !
Magnifique. Merci Philippehttp://ecrivonstoujours.centerblog.net
Tu décris de belles images qui nous font rêvées.