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Nom du blog :
ecrivonstoujours
Description du blog :
Textes écrits à domicile suite à l'envoi de propositions d'écriture par l'animateur Philippe D.
Catégorie :
Blog Enfants
Date de création :
21.03.2020
Dernière mise à jour :
24.03.2020

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- Soleil ! de retour à travers les barreaux - Introduction

Publié le 23/03/2020 à 23:39 par ecrivonstoujours

 

 

Bienvenue sur le blog

de l'atelier d'écriture virtuel

Au Fil des Mots

 

 

 

Philippe D.

 

 

 

Chers amis

 

Ce blog a été créé le 20 mars 2020 à votre intention, qui avez été de fidèles écrivants et écrivantes de l'atelier Au Fil des Mots de Chatou. Soyez donc les bienvenus.

 

Ce blog va servir à partager les textes que vous écrirez pendant le confinement dû au Covid19.

 

Périodiquement, je vous donnerai une consigne d'écriture par mail. A réception, vous vous précipiterez sur vos blocs ou sur vos claviers, comme si vous étiez en atelier, et que vous n'aviez que vingt minutes pour éclairer la planète d'une fulgurance originale de mots sortant de votre inconscient.

 

Vous taperez vos textes (en gardant la fulgurance susmentionnée) et vous me les enverrez par mail.     Et je les mettrai sur ce blog.

 

Consignes générales :

- ne dépassez pas 500 mots pour chaque texte (300 mots est une bonne moyenne),

- faites de la prose, du lâcher prise, et non pas de la poésie rythmée, scandée ou rimée (ça manque de naturel),

- privilégiez l'autobiographie, la fiction ou l'autofiction (mélange des deux précédents),

- veuillez inclure votre nom de famille dans le nom de votre document word, pour aider à ma gestion,

- respectez la confidentialité de chaque texte que vous lirez (je ferai suivre à son auteur toute demande de reproduction).

 

Si vous avez des suggestions, elles sont les bienvenues.

 

Je vous souhaite du plaisir, de la lecture et des idées pour la suite.

 

Amicalement.

 

Philippe

 

PS. Attention. Vos textes sont sur deux pages dans ce blog (cliquez sur page suivante ou sur page 2, c'est écrit en tout petit à la fin de la première page).  

 

 

 

 

 

- Soleil ! de retour à travers les barreaux - AMD

Publié le 23/03/2020 à 23:20 par ecrivonstoujours
- Soleil ! de retour à travers les barreaux - AMD

 

 

 

 

Le soleil !  de retour

à travers les barreaux

 

 

 

 

Anne-Marie D. 

 

L’endroit est insolite. Un lieu de vie posé dans un îlot d’immeubles, cerné d’une terrasse fleurie, où règne en maître un énorme jasmin qui parfume l’endroit à outrance et devient tout blanc quand arrive le mois de Marie. C’est mon endroit, l’endroit du bonheur et des peines, de la tristesse et de la joie, de la quiétude, des peurs parfois, c’est l’endroit de ma vie.

 

Cet endroit reçoit chaque jour aux mêmes heures la visite d’un beau persan à la robe gris bleuté et aux larges prunelles bleues. Il porte autour de son cou un petit collier à clochettes en harmonie avec ses yeux. Je le contemple, il aime franchir avec grâce et légèreté les barreaux de la terrasse tel un félin. Qu’il pleuve ou qu’il vente, il vient se poser sur les dalles que l’arrosage a fraîchi et j’entends retentir le son de son collier à clochettes. Il m’alerte gaiement et je l’accueille toujours avec bonheur. Etiré de tout son corps, il me jette des regards qui en disent long !

 

Il n’aime pas qu’on le touche, il ne supporte pas les caresses, il n’aime qu’une seule chose : qu’on le regarde, qu’on l’admire tel un soleil qui irradie. Il est libre et je le soupçonne de chevaucher la nuit le ciel, tel le dieu du soleil dans l’Antiquité qui procurait la lumière aux Dieux et aux mortels. L’histoire nous conte que ce Dieu s’enfonçait le soir dans l’océan à l’ouest, et une capsule dorée le ramenait vers la lumière dans son chariot ardent vers l’est.

 

Un beau matin, le persan n’a pas franchi les barreaux de la terrasse. Je l’attendais, je le guettais mais seuls les rayons du soleil filtraient et parvenaient jusqu’au jasmin. L’été réchauffait les âmes et les corps mais l’absence du persan intriguait. Il avait disparu depuis de longues semaines et tout le quartier guettait son retour et pleurait le beau chat.

 

C’est ainsi, de bouche à oreille, que j’appris qu’il s’appelait Hélios. Hélios dieu Soleil qui chevauche le ciel ! Dieu Soleil aux nombreuses épouses. Était-il parti dans l’univers pour rejoindre l’une d’elle ? L’odeur du jasmin inondait l’endroit, Hélios reviendrait, je le savais.

 

Un matin, tôt dans l’été sans aucun souffle d’air, j’entendis un léger bruissement. Le jasmin couvert de ses petites fleurs blanches, adossé aux barreaux de la terrasse recueillait mes regards émerveillés et c’est alors que je vis, au milieu des fines ramilles, les deux yeux d’Hélios qui en disaient toujours long et me fixaient sans ciller. Sacré provocateur Hélios !

 

Je suis restée immobile, pleine d’une joie enfantine, et n’ai plus bougé.

 

Tout à coup, après m’avoir longuement regardé, Hélios s’élança sur les barreaux et plongea sur les dalles de granit pour s’étirer devant moi de tout son long. Son regard se fixa de nouveau dans le mien pour me dire qu’il avait vécu mille choses et qu’il souhaitait désormais reposer. Peu à peu, ses beaux yeux devinrent mi-clos et il tomba dans un profond sommeil.

 

Sacré et secret Hélios, merci d’avoir traversé les barreaux après ce long périple et bienvenue à toi !

 

 

- Soleil ! de retour à travers les barreaux - PM

Publié le 23/03/2020 à 23:10 par ecrivonstoujours
- Soleil ! de retour à travers les barreaux - PM

 

 

 

 

Soleil !  de retour

à travers les barreaux

 

 

 

 

 Philippe M.

 

 

Y a rien à faire, tous les ans je l’attends. J’ai beau savoir qu’il va revenir, je suis toujours aussi impatient de le revoir. Je me doute bien que, lorsque je ne l’attendrai plus, c’est que la fin sera proche !

 

La semaine dernière j’y ai pensé. En allant balader Tim. Mon papier d’autorisation de sortie dans la poche.

 

Dernier froid de canard, quelques feuilles valsent sur le trottoir, gris tout autour, silence. On dirait que la vie sent le chou. Tim tire sur sa laisse comme d’habitude, trop con pour comprendre, ou trop vivant. J’essaie de ne pas me fermer. De temps à autre je relève le nez et je vais jusqu’à regarder le ciel, la rue déserte puis je replonge vers le bitume et l’ennui. Après le virage du petit Casino, je croise une fille ; brune, cheveux longs, sourire dans le regard. Je lui lance un bonjour joyeux, un peu forcé ; c’est tout ce que j’avais en réserve. Elle me répond avec un petit accent chantant et une note fraîche de fruit rouge dans la voix. Elle passe et quand je replonge vers mes pensées je vois lavande et j’entends cigales, je sens eucalyptus et je pense caillasses chauffées qui roulent, je pense randonnée, plaisir de la fatigue, vacance de l’esprit... Une vraie bouffée de bon, de chaud ! Je pense que j’aimerais bien la croiser encore et que je lui parlerai d’autre chose que du beau temps ! Et puis je pense à lui. Je réalise qu’il sera bientôt de retour et que toute cette kermesse de bons moments pourra faire à nouveau chanter ses flonflons dans ma vie et partout autour...

 

Il y a trois jours aussi j’ai songé à son retour. Le plus bêtement du monde. En sortant de la douche, j’ai pensé à lui devant la pile de tee-shirts que je n’avais pas utilisés depuis un bon moment. 

 

J’ai encore sur la peau le souvenir de la chaleur de l’eau. Je suis bien séché, je déambule à poil, prenant bien soin d’éviter le miroir du regard. Question de moral à conserver par-dessus tout. Quand j’arrive dans la chambre, au lieu de reprendre sans réfléchir ma tenue de base, celle qui reste invisible et qui permet la plongée incognito vers le gris de la rue, je me dirige vers mes tee-shirts : une pile de couleurs pastel qui sent le coton propre. Je reconnais la trace de lavande de l’assouplissant et je repars aussitôt vers les Baronnies, le Ventoux, les souvenirs de vacances, la légèreté... Et c’est évidemment lui qui s’impose au bout d’un moment...

 

Si je réfléchis un peu plus, - on a le temps qu’il faut pour ça - je crois bien que ça fait depuis bien plus longtemps qu’il me vient à l’esprit. Au cœur de l’hiver, quand le froid serre la tête et que c’est tout un travail de sortir pour tout ou rien, quand rien du tout ne fait penser à lui, c’est là qu’il peut surgir. Dans un parfum à peine passé, dans le souvenir d’un bout d’herbe tondue, dans une odeur de cuisine un peu plus aérienne que d’habitude, moins potée, moins cassoulet, moins raclette. On y pense, ça réchauffe cinq minutes ou plutôt ça empêche de geler l’espérance. On se dit qu’il reviendra puisqu’on se le dit tous les ans... 

 

Aujourd’hui, c’est sûr il va revenir, c’est une question de date, c’est quasiment contractuel. J’ai toujours un pull, mon bleu pâle trop vieux mais tellement confortable, j’ai l’esprit en panne et puis, tiens, le voilà qui se pointe derrière les rideaux de la chambre. Le soleil de printemps, celui qui sent la terre mouillée, les farandoles, les desserts de chocolat gratté sur le pain, les courses à vélo dans le jardin, le visage de Damiana dans la cour de récréation quand elle cligne des yeux puis rougit en voyant qu’on la regarde, le soleil de printemps qui chante comme un merle. 

 

Soleil de retour, de retour de loin, de retour après la prison volontaire, de retour de la guerre du monde contre cet infiniment petit qui nous défie.           

 

Soleil de retour à travers des barreaux invisibles, enfin ! 

- Soleil ! de retour à travers les barreaux - FD

Publié le 23/03/2020 à 23:00 par ecrivonstoujours
- Soleil ! de retour à travers les barreaux - FD

 

 

 

Soleil !  de retour

à travers les barreaux

 

 

 

Fatime D.

 

 

Le soleil, lui, ne disparaitra jamais.

Il se lèvera et se couchera toujours.

Parfois, il sera matinal, parfois pas, mais toujours il se lèvera.

Il chauffera ou réchauffera toujours ce qu'il rencontrera, la terre, les fleurs, les animaux, les hommes !

Alors, c'est un grand bonheur d'en être assuré.

Je n'en dirai pas de même des barreaux.

Les barreaux sont une privation de liberté, d'action mais aussi une protection.

Tout d'abord, les barreaux me font penser à une prison où, heureusement je n'ai jamais mis les pieds.

Mais j'imagine le pauvre homme ou la pauvre femme, du mauvais côté de la barrière, se tenant maladroitement à ces barreaux pour voir un monde dont il est privé.

Un monde chaud et coloré qui bouge.

Le prisonnier reste là, statique, ne pouvant que constater que ce qu'il n'a plus.

Il lui reste cependant ses sens principaux, la vue, le toucher la vision, l'odorat et le goût.

Peut-être est-ce le moment de s'en servir pour se nourrir au mieux ?

Le froid des gros barreaux métalliques.

En imagination peut-être, la vision de la rue grouillante un jour de marché.

Le brouhaha des gardiens qui font le guêt.

L'odeur du boeuf aux carottes de sa Grand Mère.

Le goût amer de la privation de liberté, ou peut-être le goût d'un carambar qu'il mâchonnait du temps de sa jeunesse.

Mais quel âge ont cet homme ou cette femme ?

Mais quelle heure est-il ? Je m'arrête.

 

 

 

- Soleil ! de retour à travers les barreaux - RG

Publié le 23/03/2020 à 22:50 par ecrivonstoujours
- Soleil ! de retour à travers les barreaux - RG

 

 

 

 

 

Soleil !  de retour

à travers les barreaux

 

 

 

Robert G.

 

 

Cela fait 32 jours qu’ils m’ont mis au trou. Je dis 32 mais je n’en suis plus tout à fait sûr. C’est peut-être 30, 31 ou 33. De toute façon ça n’a pas beaucoup d’importance. Ce dont je suis certain c’est que j’y suis rentré le 16 mars 2020. C’est la date de mon anniversaire. Ils ne supportaient plus de m’entendre dire « Je suis innocent, laissez-moi sortir, je suis innocent, laissez-moi sortir, je suis innocent, laissez-moi sortir je suis innocent, laissez-moi sortir je suis innocent… »

 

Alors solution simpliste, ils m’ont enfermé à l’isolement, au sous-sol. Pas de bruit. Pas de dérangement.

 

Pendant quelques jours un maton, qui toussait tout le temps, m’apportait de quoi manger et d’un coup, plus rien, plus de nourriture. J’ai toujours ma gamelle vide. Et aucune explication. La peine est trop sévère. Ils abusent.

Quand j’avais 20 ans, je suis allé vivre un mois chez les moines. Ils dorment dans une cellule. Ils appellent ainsi la pièce où ils dorment. Je comprends maintenant pourquoi. Une petite fenêtre, un petit lit, une petite couverture, un petit lavabo. Tout est petit, comme la taille de cette cellule où je survis. Avec ma culture religieuse, je sais que Jésus a jeuné 40 jours dans le désert. Alors, j’en fais autant. Pas pour les mêmes raisons…

 

Mon tour de taille était un peu fort, maintenant tout va mieux. J’ai lu que les souris qui ont un régime hypocalorique vivent plus longtemps, alors je serai sûrement centenaire.

 

Je suis toujours innocent mais je vais probablement arrêter de le dire aux gardiens. D’ailleurs, ils vont bien être obligés de me libérer pour que je passe au tribunal. Une peine préventive ne peut pas durer indéfiniment. La plaisanterie a assez duré. On ne laisse pas quelqu’un au trou aussi longtemps, et en plus sans rien à manger.

 

La lampe clignote depuis ce matin. J’espère qu’elle ne va pas claquer. Dehors, je vois bien par la lucarne que le ciel est plombé. Si la lampe grille, je passerai ma journée dans la pénombre.

 

J’ai une bonne discipline de vie ; je dors la nuit et le jour je travaille. Je creuse avec ma cuillère un trou dans le mur. J’ai déjà avancé de deux mètres. Le calcaire du mur est bien tendre. Et plus j’avance vers l’extérieur, plus il est humide. Je dois être tout prêt d’aboutir. Quand ils vont venir me chercher, ils vont râler. Il y a au moins 10 centimètres de gravats sur le sol. J’espère être sorti avant qu’ils ne viennent.

 

Cela fait 34 jours qu’ils m’ont mis au trou mais aujourd’hui j’émerge. Le soleil est de retour à travers les barreaux. J’évite de sortir maintenant pour éviter les coups de soleil. Dès qu’il se couche, je termine d’agrandir l’orifice et vive la liberté.

- Soleil ! de retour à travers les barreaux - VF

Publié le 23/03/2020 à 22:40 par ecrivonstoujours
- Soleil ! de retour à travers les barreaux - VF

 

 

 

 

 

Soleil !  de retour

à travers les barreaux

 

 

 

Véronique F.

 

 

Durant presque cinq heures, elle prit soin de garder ses distances avec ce qu’elle s’était fixée comme la tâche essentielle du jour, celle qu’elle avait placée le matin même en haut de la liste de ses priorités. Son respect pour la procrastination, et la créativité illimitée qui en découle, était irréprochable : la vue du tas de repassage lui devint soudain insupportable, il fallut absolument vérifier que la douche n’allait pas se boucher sous peu et, pour cela, dévisser, déboiter, nettoyer. L’appel hebdomadaire du dimanche à sa mère âgée, prévu deux jours après, lui apparut indispensable ce matin-là, puis l’heure du déjeuner arriva. Ainsi passa la matinée sans qu’elle aborde, ne serait-ce qu’une des premières étapes de sa mission : écrire une ou deux pages en s’inspirant de la courte phrase « Soleil ! de retour à travers les barreaux ».

 

Une fois avalé un bon volume d’une soupe aux légumes frais, qu’elle avait préparée la veille et offerte à son mari pour le dîner - s’étant au passage réjouie qu’il n’achève pas le contenu de la casserole - elle improvisa trois coups de fil à des personnes trouvées parmi les contacts de son téléphone, sans se rappeler précisément de qui il s’agissait, alors qu’ils cohabitaient sur sa liste avec ceux qu’elle se collait à l’oreille plusieurs fois par semaine. Ces échanges téléphoniques eurent le mérite de lui rappeler la raison de leur rareté, elle conserva néanmoins les trois contacts, on ne sait jamais.

 

Puis, comme elle s’était fixée la semaine précédente d’aller marcher d’un pas tonique chaque jour pendant une heure, elle prit conscience qu’en y dérogeant, c’est sa liste de procrastinations qui allait enfler, alors non, elle ne cèderait pas cette fois-ci et affronterait bravement ses engagements.

 

Bottes, manteau, foulard pour protéger sa gorge, elle se précipita tête baissée vers un parc voisin et là, levant les yeux, vit le soleil. Alors, elle se mit à chercher les barreaux, un peu pour rattraper le temps perdu dans la matinée, surtout par conviction que la présence du soleil dans ce pays nordique où elle survivait depuis plusieurs années - grâce à une surconsommation de harengs marinés au curry - ne pouvait être due au hasard.

 

Une observation du ciel plus poussée qu’à son habitude l’amena à plusieurs réflexions. Ce ciel exceptionnel-lement dégagé signifiait-il vraiment que le soleil était pleinement là ? autrement dit, était-il de retour ou de passage ? et quel lien avec les barreaux ? Si ceux-ci ne se trouvaient pas devant le soleil - puisqu’elle n’en voyait pas la trace - étaient-ils derrière ? La phrase était pourtant claire : à travers les barreaux, donc devant ou plus précisément entre le soleil et…

 

Elle chercha donc plus près que le ciel et loucha sur le bout de son nez. Ici non plus, point de barreau. Il lui restait par conséquent à explorer le très vaste entre-deux.

 

L’énergie lui manqua.Tant pis pour les barreaux, elle allait faire comme s’ils n’existaient pas, peu importe qu’ils soient partis, de retour, de face ou de profil. C’est à l’intérieur de son corps que ça commença alors à s’agiter, avec pas mal de bruits, comme sur un chantier de déconstruction une fois les grues montées, la pelle à démolition démarrée, en progressant lentement, en toute sécurité.

 

Et puis plus rien, ni son ni mouvement, à la place une unique sensation de libération.

 

 

 

- Soleil ! de retour à travers les barreaux - MS

Publié le 23/03/2020 à 22:30 par ecrivonstoujours
- Soleil ! de retour à travers les barreaux - MS

 

 

 

 

Soleil !  de retour

à travers les barreaux

 

 

 

Marysa S.

 

 

 

Le texto est arrivé, brutal. l’atelier de sculpture sera fermé dès aujourd’hui pour une durée indéterminée.

 

C’était le 8 mars et elle mettait plein pieds dans les sables mouvants de l’incertitude. Cinq minutes pour récupérer leurs outils, leurs travaux en cours. Elle a abandonné sa pierre du Nil de trente kilos - les travaux manuels ne se font pas en télétravail !
 
 
En ce début de Mars, le printemps était vigoureux et en avance : fleurs des cerisiers, celles des tulipiers et même de quelques forsythias acides. Elle eut une pensée amère pour ce printemps que personne ne verrait, ni la mousseline verte des jeunes bourgeons, ni le vert - couleur de l’espérance.
 
 
Quelle sera notre espérance ?
Nous changions de saison, nous quittions l’hiver pour rentrer dans une inconnue, celle morbide, du Covid.
La fermeture de l’atelier a sonné comme un glas, celui de la guerre. Elle devenait actrice d’un film de série B apocalyptique et ce n’était pas du cinéma.
 
 
Le printemps du calendrier est là dehors derrière les barreaux de ses fenêtres parisiennes, et malgré 
le lot d’inquiétudes et sa solitude, elle avait la chance d’être libre. Les matinées seraient plus longues mais aidées de Jean Santeuil* ;  lors de sa jambe cassée, Sodome et Ghomorrhe* avait vaincu trente jours d’isolement, alors pourquoi pas un confinement ?
 
 
L’introspection ne lui faisait pas peur, mais elle fuyait la nostalgie qui lui semblait guindée comme un vieux notaire baignant dans le sépia de ses certitudes. Oui à la mélancolie, aux jours tendres passés au soleil et sous les arbres, aux ombres alternées de flaques lumineuses .
Oui au temps retrouvé, celui du temps long. Oui à Verlaine, «le ciel bleu par dessus le toit berce sa palme» sera un voyage. Oui à sa lucidité et à René Char «la lucidité, la blessure la plus proche du soleil».
 
 
Oui à la compassion. Les anglais disent I miss you pour "tu me manques". Je vais manquer de toi. Oui, elle allait manqué de vous. 
 
 
Toi la liberté, toi l’ami qui ne dit mot, toi l’espace et la beauté révélée de ces villes mortes et désertes. Son cœur pouvait chavirer, comme l’autre jour où une musique ravissante avait télescopé une pensée.
Morbide. « Tout ces gens que nous ne reverrons plus ».
 
 
Un oiseau se pose sur le rebord du balcon. Elle mettrait du pain demain, et il s’envola à tire d’aile.
 
 * ouvrages de Marcel Proust

- Soleil ! de retour à travers les barreaux - JCM

Publié le 23/03/2020 à 22:20 par ecrivonstoujours
- Soleil ! de retour à travers les barreaux - JCM

 

 

 

 

Soleil !  de retour

à travers les barreaux

 

 

 

JCM

 

 

 

S’il y a deux éléments contradictoires, c’est bien le soleil générateur de lumière qui pénètre partout, symbole de liberté, et les barreaux limiteurs d’espace, symbole de privation de cette même liberté.

 

Quand on veut punir quelqu’un, on le prive de liberté, mais y a-t-il pire peine ? On tire le rideau ? Geste tout simple qui provoque la double peine, en précipitant le "condamné" dans l’obscurité qui vient, à son tour, s’ajouter aux cruels barreaux. Est-il possible de trouver la force de caractère de continuer à vivre ?

 

Prostré dans cette situation pendant des jours, des années, il n’y a qu’à attendre, attendre, attendre que le temps vous ronge et commence sa destruction inexorable ; on est le bout de fer qui mute en rouille et s’en va vers le néant et l’oubli.

 

Puis un jour, enfin, ça bouge derrière les barreaux, une voix d’outre-tombe demande : "Prisonnier, tu vis encore ?" Interdit, vous ne savez que répondre, et encore si vous le pouvez. A-t-on encore une voix après une si longue attente ? Rassemblant l’infime énergie qui vous habite encore, vous vous entendez bafouiller :

 

- Je ne sais pas…

 

- Ben’ mon vieux, si tu persistes à ne pas savoir, tu vas pourrir ici ! Alors, tu vis encore ?

 

- Oui, je vis encore.

 

- Bon, c’est très bien, tu vas sortir mais en prenant deux précautions ; la première consiste à te tenir aux barreaux parce que tu dois éprouver quelques difficultés à marcher, la seconde se résume à porter ces verres filtrants car tes yeux ne vont pas supporter les rayons du soleil.

 

- Je suis libre ?

 

- Attends, ne gamberge pas avant d’être loin de cette foutue bâtisse, dont le surnom est « trou Noir ». Maintenant lève-toi, en te tenant aux barreaux, debout, debout, debout…ça va ?

 

- En me tenant, oui.

 

- Tu as bien les lunettes sur les yeux ?

 

- Oui, c’est bon.

 

- Alors attention, je tire le rideau, tout doucement, tu vas te trouver face au soleil »

 

 

Alors, tu as légèrement desserré les paupières mais c’était horrible. Cependant, la lumière est entrée au tréfonds de ton âme, elle est venue à travers les barreaux du bout de l’univers et toi, tu es sorti de ton état de scolopendre pour retrouver ta condition humaine.

 

« C’est horrible, j’entends, mais normal, et ce n’est pas tout car il faut que tu sortes vite, vite d’ici, parce que le guide suprême vient de décider de t’innocenter des crimes dont on t’accuse et de te donner  un bol de soupe quotidien. Ce fou à lier peut changer d’avis d’un instant à l’autre, fuyons donc d’urgence ! Tu sais que le guide suprême est infaillible, alors garde-toi bien de demander des comptes et décampe aussi vite que des amis pourront t’aider à le faire. »

 

 

Tu n’as pas desserré les paupières, deux personnes t’ont soutenu sous les aisselles, tu as marché, marché dans la douleur car tes jambes ne te portaient plus et tu as compris que l’on t’emmenait en voiture.

 

 

Alors même privé de mouvement par ces barreaux, le reclus sent l’espoir renaitre, porté par cette lumière. L’espoir et la lumière conjugués sont porteurs de vie.

 

La lumière se joue des barreaux, puisse-t-elle ne jamais s’y coincer.

 

 

 

 

- Soleil ! de retour à travers les barreaux - LP

Publié le 23/03/2020 à 22:10 par ecrivonstoujours
- Soleil ! de retour à travers les barreaux - LP

 

 

 

 

 

Le soleil est de retour

à travers les barreaux

 

 

 

 Lucette P.

 

 

 

Mon cœur est en prison. L’inquiétude pour la santé de mes proches suffit à assombrir ma lumière intérieure. Mon mantra "que ma joie demeure" est en sourdine. J’essaie en vain de remonter le son.

 

Le soleil est de retour à travers les barreaux. Au loin des arbres sont en fleurs et d’une insolente beauté tranquille. Les couleurs des cerisiers en fleurs invitent à honorer la terre que l’on a bien malmenée. Le cycle de la vie poursuit de façon inexorable son fabuleux mouvement. C’est un modèle à suivre. Chaque matin le soleil se lève depuis la nuit des temps et le concert des oiseaux accueillent le jour naissant. Cela avec la logique de l’impermanence du temps qui s’écoule au même rythme seconde après seconde. Seule notre perception modifie l’intensité de la durée de l’espace temps. Dans l’attente de jours meilleurs, les minutes semblent s’éterniser, alors que lorsque tout va bien les heures défilent à toute allure.

 

Le soleil est de retour à travers les barreaux. Je sens à présent sa chaleur me communiquer l’énergie de joie qui me manquait. Un vent de lumière bienfaisante chasse les émotions de morosité et balaye les inquiétudes, enfouies dans le tréfond de notre inconscient collectif.

Oui l’air que l’on respire est pur et notre voisin est notre frère - de peine et de cœur. La solitude ça n’existe pas chantait Gilbert Bécaud. On n’a jamais tant partagé depuis le confinement. De merveilleuses et généreuses initiatives ont afflué. La créativité et la solidarité se sont invitées sur la toile de façon collective. La musique du chant des partisans a résonné dans ma tète, mais en revisitant les paroles oubliées, j’ai constaté à quel point des périodes difficiles ont traversé notre pays. Souhaitons que, cette fois-ci, nous ressortions grandi de cette épreuve et plus conscients de nos responsabilités envers notre planète.

 

Le soleil est de retour à travers les barreaux. Bientôt nos portes s’ouvriront à nouveau et nous pourrons nous étreindre en tout confiance. Mais il y aura eu un avant et un après le confinement pour un avenir à réinventer ensemble plus juste et plus prometteur pour les générations futures.

 

Le soleil est de retour dans le cœur des humains.

Une chanson me trotte dans la tête : Y a de la joie !! bonjour bonjour les hirondelles...

- Soleil ! de retour à travers les barreaux - CB

Publié le 23/03/2020 à 22:00 par ecrivonstoujours
- Soleil ! de retour à travers les barreaux - CB

 

 

 

 

Soleil !  de retour 

à travers les barreaux

 

 

 

 

Christophe B.

 

 

 

Une vitre à peine translucide, salie par de grosses larmes de pluie qui, lentement, dégoulinent.

 

Le silence de la maison encore endormie. Un souffle d’air à peine perceptible, suffisamment fort pour faire grincer une porte sur ses gonds.

 

Une fenêtre tout juste entrouverte. Des chants d’oiseaux insouciants. Des voilages qui bruissent doucement.

 

Un soleil de plomb darde ses rayons sur la maison. Douce et envahissante torpeur de l’après-midi, à peine perturbée par les cloches d’une église dans le lointain.

 

L’heure de la sieste s’étire paresseusement quand soudain des bruits inopinés sonnent la fin de la trêve. C’est un volet indiscipliné qui claque, un seau qu’on remonte et qui vient heurter la margelle du puits.

 

La pénombre de la cave : le froid, l’humidité, le salpêtre, le moisi. La peur aussi quand un animal invisible vient frôler les cheveux.

 

Par le soupirail hermétiquement clos, un œil à travers les barreaux. Horizon restreint : des bandes verticales qui découpent un ciel trop bleu.

 

Une fin d’après-midi on ne peut plus banale. La pendule du salon, imperturbable, continue d’égrener ses heures. Le temps qui passe, inexorablement.

 

Enfermé dans ma prison. A travers les barreaux, fébrilement, je guette le retour du soleil qui tarde trop.

 

Le mortel ennui d’une punition. Le soleil rasant inonde ma cellule. Je tourne en rond et fuis mon ombre. m

 

 

 

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